Spoiler : tu peux dire non à ton bébé sans te transformer en monstre… ni en loque parentale rongée par la culpabilité. Tu peux poser des limites sans traumatiser ton enfant, et surtout, sans t’effondrer intérieurement à chaque “non” prononcé. Pas besoin d’être parfait·e. Juste présent·e, et un peu plus doux·ce avec toi-même. Allez, viens, on en parle.
“Il fait exprès, là, non ?”
Non. Oui, c’est dur à croire quand tu le vois jeter son doudou pour la 8e fois juste pour te faire venir. Quand il te pince au sein ou hurle comme si tu l’avais trahi parce que tu lui as pris une cuillère pleine de cailloux. Mais non, il ne te manipule pas. Avant 2-3 ans, ton bébé n’a aucune notion d’intention malveillante. Il explore, il vit tout à fond, il exprime ce qu’il ressent sans filtre. Il ne sait pas encore se réguler, ni comprendre que tu es fatigué·e, stressé·e ou juste au bout de ta vie. Il n’a pas besoin d’une punition. Il a besoin d’un cadre.
Le cadre, c’est toi
Un cadre, ce n’est pas un mur. C’est une frontière douce mais ferme, un filet de sécurité émotionnelle. Quand tu dis à ton bébé : “Non, je ne veux pas que tu tapes”, tu ne brimes pas son développement, tu lui donnes un repère. Poser une limite, c’est dire : “Je t’aime, mais ce comportement-là, ce n’est pas OK.”
Et ça peut être simple, direct :
- “Stop. Ça fait mal.”
- “Je ne suis pas d’accord.”
- “Je comprends que tu sois fâché·e, mais je ne veux pas que tu cries dans mon oreille.”
Le ton compte autant que les mots. Pas besoin de crier. Un regard sérieux, une voix posée et un geste cohérent (comme lui retirer un objet dangereux) suffisent souvent.
Tu as le droit d’être fâché·e, toi aussi
Parlons vrai deux minutes : tu ne vas pas toujours rester zen. Parfois, tu vas crier. Tu vas dire des trucs que tu ne pensais pas. Tu vas claquer une porte ou pleurer dans la cuisine. Et c’est OK. La colère est humaine. Ce n’est pas elle le problème, c’est comment on la gère. L’idée, ce n’est pas d’être un parent de magazine qui reste ultra-calme alors que bébé lui repeint les murs avec son déjeuner. C’est d’apprendre à dire : “Là, je suis très en colère. Je vais prendre une pause.” Tu peux aussi sortir de la pièce, respirer, appeler quelqu’un, boire un verre d’eau. Ça ne fait pas de toi un·e mauvais·e parent. Au contraire : tu montres à ton bébé qu’on peut ressentir fort sans blesser.
Et si tu cries quand même ? Répare.
Tu as crié. Ton bébé a sursauté. Et maintenant tu t’en veux à mort. Respire. C’est rattrapable. Vraiment. Va le voir, à sa hauteur. Dis-lui : “J’ai crié, j’étais fatigué·e. Ce n’était pas contre toi. Je suis désolé·e.” Il ne comprend peut-être pas tous les mots, mais il sent l’intention. Il capte le ton, les gestes, l’émotion. Et ça, ça compte. Tu lui apprends que les liens se réparent, que l’amour ne disparaît pas après une erreur.
La constance, pas la perfection
Poser une limite, ça ne marche pas en une seule fois. C’est une répétition quotidienne. Une chorégraphie un peu bancale entre ton calme et sa tempête intérieure. Ce n’est pas grave de répéter 20 fois. Ce n’est pas grave si tu flanches parfois. Ce qui compte, c’est la cohérence sur la durée. Retiens ceci : il n’a pas besoin d’un parent parfait. Il a besoin d’un parent stable, aimant, qui dit non sans casser, qui répare quand il dérape, et qui apprend avec lui.
En bref…
Ton bébé a besoin de limites. Et toi, tu as besoin de douceur. Vous êtes deux êtres humains qui apprennent à vivre ensemble. Il teste, tu t’adaptes. Tu poses des mots, il construit sa sécurité intérieure. Tu n’as pas besoin d’être ultra-ferme ni ultra-laxiste. Tu as juste besoin d’être présent·e, et un peu indulgent·e avec toi-même. Parce que franchement, poser des limites avec amour… c’est déjà énorme.
Maman de quatre enfants, âgés de 2 à 7 ans, Sofia est également rédactrice en freelance depuis plus d’une dizaine d’années.
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